Certes elle est plus âgée que moi, mais elle est cool, pas du genre à se la péter parce qu’elle est majeur, je crois qu’on s’entend bien, mais c’est peut-être un peu tôt pour le dire, elle a dû comprendre que ce n’est pas parce que j’avais que 17 ans que j’étais une gamine, et du coup elle joue pas aux grandes. Je passe pas mal de temps avec elle, elle vient parfois avec moi dans les champs, c’est d’ailleurs comme ça que je l’ai connue et ce dès ma première semaine ! J’ai remarqué qu’ici, on grandit plus vite, beaucoup de jeunes vivent en collocation, mais moi non, je n’ai même pas demandé à papa je connais d’avance sa réponse, déjà qu’il n’a pas voulut que je sois chasseuse. Bref, je me retrouve à cueillir des fruits, je ne suis pas contre, j’adore les fruits d’ici, mais bon, chasseuse c’est autre chose, mais rien n’est encore perdu de ce côté-là et en attendant, ici c’est moins risqué. Enfin en temps normal disons…

Elle est dans les serres de réimplantation et moi dans les vergers, on a prévu de se retrouver dès qu’on aura terminé le boulot, j’ai repéré deux trois plantes ses derniers jours en me baladant dans le coin entre deux moment de cueillette. Disons que j’aime bien mon taf mais j’aime encore plus la liberté et l’exploration, alors parfois je m’esquive quelques minutes et j’inspecte les alentours, après tout, c’est un nouveau monde après tout, il y a plein de choses à voir. Or, j’adore découvrir les choses par moi-même, donc je m’y emploi ! Vous allez me dire que j’aurais pu étudier la botanique ou n’importe quoi d’autre, oui c’est vrai, j’aurais pu, mais les profs, le côté scolaire, franchement… Je déteste qu’on me donne des leçons, je déteste les cours, j’ai jamais été très travailleuse à l’école, ce n’est pas mon truc, d’autant que j’ai jamais trop eut besoin de bosser pour avoir des notes correctes, nan moi je fais dans l’empirique, c’est bien plus marrant.

Après une bonne journée de travail, tout le monde rentre sous bonne escorte, mais il fait encore jour pour quelques heures, je compte bien en profiter pour lui montrer mes trouvailles. Dès que je la vois, je lui fais signe de la lisière et dès qu’elle est assez proche je la choppe, je la colle derrière un arbre avec la main sur la bouche et je lui fais signe de se taire en posant un doigt sur mes lèvres pour pas ameuter les quelques militaires qui raccompagnent la troupe au camp. Un petit sourire et je lui dégage la bouche en espérant pas lui avoir fait trop peur et qu’elle ne va pas se mettre à gueuler si non la fin d’après-midi est foutue.

« Ne bouge pas ! J’ai un truc à te montrer mais il faut attendre qu’ils se soient éloignés… »

Rapidement c’est le cas, ils sont en tout cas assez loin pour ne pas nous voir nous enfoncer dans la forêt, je prends quelques secondes pour m’assurer d’emprunter le bon chemin, celui que je n’ai eut l’occasion de tester qu’une seule fois avec au bout mon champ très personnel. Je lui fais signe de me suivre en silence et tout en marchant, par moment, je me retourne vers elle avec un petit sourire en coin. Quand nous arrivons je lui fais face et, les mains sur les hanches avec un air on ne peut plus fier de moi, je tourne le dos à un grand coin à champignons de toutes sortes.

« Alors ?! Tu penseras à moi quand tu auras ton Prix Nobel hein ! »

J’explose de rire…